The Legend of Ochi
Isaiah Saxon, USA, 2025o
Dans un village à la frontière de la nature sauvage, la jeune Yuri a appris de son père et de sa mère disparue à craindre les Ochis comme de dangereux habitants de la forêt. Lorsqu'elle trouve un bébé Ochi abandonné et s'en occupe en secret, elle découvre sa nature et son langage mystérieux. Elle se lance alors dans un voyage périlleux pour ramener le petit.
Le premier long-métrage du réalisateur de clips californien Isaiah Saxon, révélé dans les années 2000 par ses vidéos pour Björk et Grizzly Bear, fait partie des rares films pour enfants et adolescents que l’on peut recommander sans réserve à un public adulte. Saxon a réussi à s’associer avec le studio indépendant en vogue A24, en charge de la production. En matière de casting, il a confié le rôle principal à l’actrice allemande âgée de 17 ans Helena Zengel, si mémorable en fillette ingérable dans Benni de Nora Fingscheidt, et a obtenu d'Emily Watson et Willem Dafoe qu'ils jouent ses parents. Le plus important: Saxon n’a pas créé l'univers fantastique de Carphatia en studio ni par ordinateur, mais dans les montagnes roumaines – les prises de vue en extérieur ont été simplement complétées par des scènes tournées dans des décors classiques. Le mélange entre mondes réel et imaginaire est souvent saisissant: la jeune adolescente Yuri, élevée par un père autoritaire dans la peur et la haine des Ochis – d'étranges créatures velues vivant dans les forêts –, est amenée à remettre en question ses préjugés lorsqu’elle tombe sur un de ces petits êtres abandonnés. Vêtue de sa doudoune jaune sale, la protagoniste évolue dans des paysages à la fois réels et irréels. On apprécie l’idée, tout à fait ingénieuse, que Yuri ait reçu de sa mère — qui vit retirée dans les montagnes, déçue par son mari et la vie — une initiation à la communication animale. La jeune fille apprend ainsi à maîtriser le chant guttural et étrange des Ochis avec la jeune créature. Naturellement, ses parents tentent de mettre fin au périple dangereux entrepris par Yuri, qui s'en va de son propre chef relâcher le bébé Ochi dans la nature. Malheureusement, le père, qui ne brille pas par son intelligence, se laisse accompagner dans sa quête par une bande de garçons totalement en roue libre socialement. Il est d’autant plus réjouissant que l’affrontement final, un passage obligé souvent vide de sens dans les films fantastique, soit ici évité. En somme, La légende d’Ochi est une parabole pacifiste sur la nature: enchanteresse, même lorsque ses rouages grincent un peu.
Andreas Furler