Prisoners of Fate

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Le destin d'innombrables personnes qui ont dû quitter leur pays a également fait l'objet d'innombrables documentaires au cours des dernières décennies. Mais seules quelques œuvres sortent vraiment du lot. Prisonniers du destin de Mehdi Sahebi, nommé l'an dernier pour le Prix du cinéma suisse et récompensé par le Prix du cinéma zurichois en tant que meilleur documentaire, en fait partie. En effet, il ne s'agit pas du film habituel sur les réfugiés. Cela s'explique notamment par le fait que Sahebi est lui-même arrivé en Suisse il y a plus de trente ans en tant que réfugié d'Iran, ce qui lui permet non seulement d'avoir un accès privilégié et sensible à ses protagonistes – pour la plupart également originaires d'Iran – mais aussi de poser un regard tout à fait particulier. D'une manière rarement vue, Sahebi montre les demandeurs d'asile dans toute leur complexité humaine, au lieu de les instrumentaliser en fonction d'une critique nécessaire mais prévisible des autorités, comme le font de nombreux autres films sur ce thème. Le film donne une image profondément empathique de ses protagonistes, sans pour autant être idéalisé ou larmoyant, et ne lutte pas constamment contre une attitude de compassion. On trouve donc aussi des moments légers: les interactions entre deux jeunes hommes iraniens amis sont par moments si délicieusement amusantes que les deux pourraient presque passer pour un duo comique. Pourtant, Prisoners of Fate reste toujours centré sur son thème principal: la lutte quotidienne pour la liberté, qui a commencé dans le pays d'origine et se poursuit en Suisse, en particulier sous forme d'une lutte pour leur dignité. La dignité de gens qui ne seraient plus prisonniers de leur destin.